«Source de fierté» : un évêque sur la béatification du «martyr de l'honnêteté et de l'intégrité morale» de la RDC

Goma, 10 juin, 2025 / 11:44 PM

La béatification prévue du Serviteur de Dieu Floribert Bwana Chui Bin Kositi, reconnu comme « martyr de l’honnêteté et de l’intégrité morale », est une source de fierté pour le peuple de Dieu en République Démocratique du Congo (RDC), en particulier pour son diocèse d’origine, le diocèse catholique de Goma, a déclaré l’Ordinaire du lieu.

S’exprimant lors d’une conférence de presse tenue le lundi 9 juin, Mgr Willy Ngumbi Ngengele a affirmé que la béatification prévue pour le dimanche de la Trinité, le 15 juin, à la Basilique papale Saint-Paul-hors-les-Murs, « est une source de fierté pour tous les habitants de Goma et pour tous ceux qui l’ont connu ».

« Ce jeune homme de Goma est devenu non seulement un modèle et une icône pour toutes les générations, mais aussi un “patrimoine mondial” », a déclaré Mgr Ngumbi au sujet de ce laïc congolais, qui venait d’avoir 26 ans en juin 2007 lorsqu’il fut assassiné le mois suivant.

Le 25 novembre 2024, feu le pape François a reconnu le martyre de Bwana Chui et a autorisé le Dicastère pour les Causes des Saints à publier le décret annonçant sa béatification.

Dans une déclaration pastorale datée du 20 avril (dimanche de Pâques), Mgr Ngumbi écrivait : « Cette joie est désormais confirmée, puisque le Dicastère vient de préciser le lieu et la date de l’événement. Ce sera donc bien le dimanche 15 juin 2025 à Rome, lors de la Solennité de la Sainte Trinité. »

Lors de la conférence de presse du 9 juin, Mgr Ngumbi a ajouté : « Depuis que le pape François a autorisé la béatification de Floribert Bwana Chui, il n’appartient plus seulement à l’Église catholique ; il n’appartient plus seulement à l’Église de Goma ; il devient un patrimoine de l’humanité. Il devient un modèle pour l’humanité, pour avoir vécu selon les valeurs » de l’Évangile.

L’évêque congolais a poursuivi : « Que nous soyons musulmans, chrétiens catholiques, protestants ou membres d’églises de réveil, nous devons tous être fiers d’avoir connu ce jeune homme devenu un modèle pour notre société ici à Goma et dans le monde entier. »

Né le 13 juin 1981 dans la ville de Goma, le Serviteur de Dieu Floribert Bwana Chui aurait été enlevé et martyrisé dans la même ville congolaise le 8 juillet 2007 pour s’être opposé à la corruption.

Issu d’une famille aisée, il a étudié le droit et l’économie. En tant qu’étudiant, Bwana Chui avait rejoint la Communauté de Sant’Egidio, une association laïque catholique basée à Rome, engagée dans les services sociaux et la médiation des conflits. Il s’était porté volontaire pour venir en aide aux enfants de la rue.

Il débuta sa vie professionnelle dans la capitale Kinshasa, en tant qu’agent de réclamations auprès de l’Office Congolais de Contrôle (OCC), chargé du contrôle des douanes et des marchandises. Il avait pour mission d’évaluer les produits franchissant la frontière Est de la RDC.

Il se retrouva confronté à un dilemme moral : autoriser ou non l’entrée sur le territoire de produits alimentaires contaminés, importés du Rwanda voisin sans documents ni autorisation.

Des témoignages indiquent que Bwana Chui « a préféré mourir plutôt que de laisser passer des aliments qui pouvaient nuire à la population ».

Il a refusé d’accepter un pot-de-vin et aurait ensuite procédé à la destruction du riz avarié. Pour son honnêteté et son intégrité morale, il fut enlevé, puis assassiné, selon des témoins qui rappellent qu’il aimait dire : « L’argent disparaît vite. Et que dire de ceux qui auraient consommé ces produits ? »

Certains témoins se souviennent de lui déclarant avec conviction : « Est-ce que je vis pour le Christ ou non ? C’est pourquoi je ne peux pas accepter. Mieux vaut mourir que d’accepter cet argent. »

Réfléchissant à son témoignage de foi qui l’a conduit au martyre, Mgr Ngumbi a précisé que Bwana Chui a été assassiné « dans des conditions horribles, entre le samedi 7 juillet 2007, jour de son enlèvement, et le lundi 9 juillet 2007, jour où son corps a été retrouvé. »

« Jusqu’à ce jour, nous ne connaissons pas l’identité exacte de ses meurtriers. On pense qu’ils étaient probablement liés à des opérateurs économiques qui lui avaient proposé un pot-de-vin pour laisser passer des produits avariés. Ce qui est certain, c’est qu’il a été tué pour avoir refusé la corruption, au nom de sa foi et de son amour pour le peuple congolais », a-t-il ajouté.

Le prélat congolais a salué le « sens de la responsabilité et de l’honnêteté » de Bwana Chui et a expliqué : « Il ne voulait pas de compromis ; il rejetait la corruption. C’était un homme de caractère. »

« Toutes ces valeurs l’ont accompagné tout au long de sa vie. Il les a vécues simplement, témoignant de la foi chrétienne qu’il avait reçue au baptême et confirmée lors du sacrement de la confirmation », a poursuivi Mgr Ngumbi.

Il a confirmé la participation d’une délégation de la RDC à la messe de béatification du 15 juin, incluant des évêques catholiques, des prêtres, des religieuses et religieux, ainsi que des fidèles laïcs. Des responsables gouvernementaux et des membres de la Communauté de Sant’Egidio seront également présents.

Par ailleurs, une messe d’action de grâce pour la béatification du Serviteur de Dieu Bwana Chui est prévue à Goma le 8 juillet, date marquant le 18e anniversaire de son martyre.

Les restes mortels de Bwana Chui seront transférés du cimetière de Kanyamuhanga vers un lieu plus accessible aux pèlerins pour la prière. « Cette étape sera suivie d’une procession, puis d’une messe à la paroisse cathédrale de Goma », a précisé Mgr Ngumbi lors de la conférence de presse du 9 juin.

La béatification de Bwana Chui le 15 juin fera de lui le quatrième bienheureux de la RDC, après Sœur Marie-Clémentine Anuarite Nengapeta du diocèse de Wamba, le laïc Isidore Bakanja de l’archidiocèse de Mbandaka-Bikoro, et le Père Albert Joubert du diocèse d’Uvira, béatifié en août 2024 avec trois missionnaires xavériens dans l’est de la RDC.